Une commune vendéenne de 4300 habitants choisit la voie de l’autosuffisance alimentaire par une production bio 100 % locale à moins de 50 km. Et elle organise un repas commun locavore pour le prouver. “Ils créent un verger collectif pour relocaliser leur nourriture” titre le journal France 3 Pays de la Loire dans son reportage.
francetvinfo.fr – À Dompierre-sur-Yon, des habitants viennent de planter un verger sur un terrain prêté par la commune. Ils mènent plusieurs initiatives, autour de chez eux, pour relocaliser tout ou partie de leur alimentation.
C’est un dimanche brumeux de novembre, comme on en connait souvent en cette saison en Vendée. Il est tout juste 10h et une centaine d’habitants de Dompierre-sur-Yon et des environs s’affaire à la tâche au beau milieu d’un champ. Pelles, râteaux ou sécateurs à la main, ils viennent de planter, en quelques minutes, 60 végétaux en bordure d’un quartier résidentiel de la commune. Dans quelques temps, ils espèrent pouvoir cueillir figues, pommes ou groseilles et même les fruits au goût banane que donne l’asiminier.
Un verger, entièrement financé par des habitants vient de voir le jour sous l’égide du collectif local “Un coquelicot entre les dents”.
Laurent est l’un de ceux qui mènent la manœuvre ce matin-là. En plantant des arbres fruitiers au cœur de la commune, il veut montrer que des espaces publics peuvent servir pour l’alimentation des habitants. “En venant cueillir des fruits les prochaines années, les habitants pourront faire leurs confitures ou des fruits au sirop pour leur consommation au quotidien” précise-t-il. Le collectif veut ainsi démontrer la nécessité de relocaliser son alimentation.
– La viande par containers réfrigérés –
À quelques pas du verger, dans une salle de la commune, un repas “locavore” vient d’être servi. Le mouvement Locavore est un mouvement qui prône la consommation d’une nourriture de saison et produite dans un rayon de 100 à 250 kilomètres de chez soi.
Cette fois-ci, pour l’occasion, les ingrédients cuisinés viennent uniquement de producteurs du département. Fabien est à table et a leur sourire. Dans son assiette, que de la viande et des légumes bios produits à moins 50 km de Dompierre-sur-Yon. “On voit des agriculteurs près de chez nous qui cultivent des céréales envoyés en Argentine pour nourrir des animaux. Et on nous renvoie la viande par containers réfrigérés.” Il finit sa phrase avec un sourire agacé “C’est dommage !”
Pour ce repas, pas de chocolat pour le dessert, pas de sucre non plus, juste un peu de miel. Même le café de fin repas a été remplacé par un thé réalisé par une productrice de plantes de la commune. Tout semble à portée de main.
Pour ces “coquelicots” locaux, ce repas est le moyen de prouver qu’il est possible de se nourrir avec une alimentation diversifiée et de proximité… encore faut-il avoir un réseau pour cela et des producteurs dans le coin ! Sous une forme pédagogique et conviviale (la création d’un verger, un repas), le collectif de Dompierre-sur-Yon engage une réflexion sur l’insécurité alimentaire qui guette la population.
Il relaie en cela les théories de Stéphane Linou, ancien conseiller départemental de L’Aude. Un lanceur d’alerte… alimentaire.
Et si demain les supermarchés n’étaient plus approvisionnés ?
Stéphane Linou se présente comme le premier Locavore de France. En 2007, il s’était nourri, durant une année, uniquement avec des aliments produits dans un rayon de 150km autour de Castelnaudary. La question des rayons vides dans les supermarchés, il tente d’y répondre depuis plusieurs années.
Pour lui, “les territoires sont alimentairement malades. Les communes ne sont pas autonomes pour leur approvisionnement quotidien.” Il considère que le degré d’autonomie alimentaire des aires urbaines n’est que de 2,1 %. “Les villes survivent car elles sont perfusées par le ballet des camions de la grande distribution.” La grande majorité des denrées sont cultivées trop loin des centres urbains.
– L’une des solutions est de relocaliser… –
Stéphane Linou veut alerter les pouvoirs publics sur la vulnérabilité de la population française par rapport à l’approvisionnement alimentaire. L’État a réfléchi à des alertes et à des solutions en cas de tempêtes, d’inondation, d’avalanche par exemple. Stéphane Linou pose alors la question : “que se passerait-il si la chaîne d’approvisionnement connaissait une sérieuse avarie ? “
Pour lui, l’une des solutions est de relocaliser les différentes productions autour des communes et en nombre suffisant. Aux consommateurs de stocker les produits et de les cuisiner. Au travers de son tour de France intitulé “J’irai manger locavore chez vous”, Stéphane Linou veut inciter aux achats de produits locaux, à la transformation locale, le tout, sans se ruiner.
Alors, prêts à faire un réveillon locavore et gourmand pour 9,50€ ?
Ici, “ça creuse, ça plante et ça composte”, regardez la VIDÉO !
Dompierre-sur-Yon est une commune française du département de la Vendée dans la région Pays de la Loire qui compte 4300 habitants. Elle s’est engagée dans une démarche de transition avec la participation citoyenne et a décidé de se mettre en route sur la voie de l’autosuffisance alimentaire.
Invité à présenter son livre-enquête “Résilience alimentaire et sécurité nationale”, Stéphane Linou témoigne sur sa page à l’issue de la conférence qu’il a donné dans la commune de Dompierre-sur-Yon en Vendée ce 17 novembre 2019 : “c’est avec plaisir que l’on m’a annoncé que la commune venait d’inscrire la vulnérabilité alimentaire territoriale dans son Plan Communal de Sauvegarde (PCS), au même titre que les autres risques habituellement identifiés, et prépare son DICRIM (Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs) sur le sujet. Je pense que c’est une première, je leur rends hommage et suis fier de faire avancer ce sujet que je creuse depuis 20 ans.”
Site de la mairie de Dompierre-sur-Yon engagée dans une démarche de transition, en LIEN ICI.
Lien vers la page Facebook de l’association organisatrice “Un coquelicot entre les dents”, en LIEN LÀ.
Quelles seront les prochaines communes à vouloir renforcer leur résilience par la production locale de leur nourriture en cas de risque d’approvisionnement alimentaire sur les territoires ?
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