14 – Supermarchés coopératifs

 

Description de l’action : Il s’agit d’agir aussi sur la distribution de la nourriture en mode coopératif. De nombreux exemples existent déjà. C’est une véritable organisation citoyenne qui se prend en charge pour créer des magasins d’approvisionnement de produits éthiques à des coûts bien plus bas qu’ailleurs, grâce à la contribution bénévoles des coopérateurs.

Mais sans attendre, tentons de regarder de plus près ce phénomène émergeant qui se développe de plus en plus. Un supermarché coopératif est un modèle alternatif aux supermarchés traditionnels, visant à redonner du pouvoir d’achat et de décision aux consommateurs tout en favorisant une gestion plus transparente, éthique et locale des produits.

Exemple ci-dessus de l’étape de lancement du supermarché coopératif Otsokop, au Pays-Basque. Il suffit de 15 ou 20 personnes pour lancer la dynamique avec même un lieu provisoire mis à disposition par un membre comme un garage ou un local associatif. La démarche est dynamique et joyeuse. Elle s’agrandit avec le temps en fonction des objectifs des fondateurs.


Définition et origines du supermarché coopératif

Un supermarché coopératif est une structure de distribution où les membres, souvent appelés « coopérateurs », sont à la fois consommateurs et acteurs du projet. Contrairement aux supermarchés classiques où l’on achète des produits sans autre lien que la transaction, dans une coopérative, les membres sont impliqués activement dans le fonctionnement et les décisions du magasin. On parle d’une organisation de projet cogéré sur le principe 1 homme, 1 voix.

Les origines des supermarchés coopératifs remontent au XIXe siècle, avec les premières coopératives de consommation, qui sont apparues en Europe et aux États-Unis. L’objectif était de permettre aux travailleurs de s’organiser pour acheter des produits de qualité à moindre coût, en coupant les intermédiaires. Le modèle a évolué avec le temps, mais l’idée fondamentale de solidarité, d’entraide et de gestion collective demeure au cœur des supermarchés coopératifs modernes.

Exemple de supermarché coopératif ci-dessus, à Saint-Étienne, au moment de sa création dans un local provisoire mis à disposition du collectif d’habitants par la municipalité, avec la participation des volontaires du mouvement participatif citoyen des Incroyables Comestibles. L’expérience du démarrage de ce projet est décrite dans le livre « En route pour l’autonomie alimentaire ».

Qu’est-ce qu’on y trouve ?

Dans un supermarché coopératif, on trouve généralement des produits alimentaires locaux, bio et éthiques, comme des fruits et légumes, des produits laitiers, de la viande, des céréales, des produits d’hygiène, mais aussi parfois des produits artisanaux ou faits maison. L’accent est mis sur des produits en circuit court, souvent provenant de producteurs locaux ou régionaux, afin de soutenir l’économie locale et réduire l’empreinte carbone liée au transport des produits.

Les produits vendus sont souvent choisis en fonction de critères environnementaux et éthiques :

  • Bio : Produits issus de l’agriculture biologique.
  • Commerciaux équitables : Pour ceux qui proviennent de l’étranger.
  • Végétarien/Végétalien : Avec des options pour tous les régimes alimentaires.
  • Zéro déchet : De plus en plus de coopératives intègrent des initiatives zéro déchet, en offrant des produits en vrac ou des emballages réutilisables.

Fonctionnement d’un supermarché coopératif

Le fonctionnement d’un supermarché coopératif repose sur une gestion collective et démocratique. Regardons les quatre principales caractéristiques de son organisation :

  1. Adhésion : Pour faire partie de la coopérative, il faut s’y inscrire en tant que membre. Cela implique généralement un paiement de cotisation initiale (souvent symbolique) et une participation régulière au fonctionnement de la coopérative, que ce soit par des tâches bénévoles (caissiers, réassort des rayons, gestion administrative, etc.).
  2. Participation : Les coopérateurs sont impliqués dans les décisions de la coopérative. Par exemple, ils peuvent participer à des assemblées générales où les grandes orientations sont discutées et votées (choix des fournisseurs, politique de prix, etc.).
  3. Prix équitables : Les prix sont souvent plus bas que dans les supermarchés classiques, car l’objectif n’est pas de maximiser les profits, mais de rendre les produits accessibles à ses membres tout en rémunérant correctement les producteurs. Les marges sont réduites au minimum et sont réinvesties dans la coopérative.
  4. Transparence et gestion partagée : Les finances et les choix des produits sont faits de manière transparente, avec un suivi des ventes et des dépenses accessibles à tous les membres. Chaque coopérateur a le droit d’avoir un impact sur la manière dont le supermarché est géré.

Vues de détails de l’intérieur du supermarché coopératif de Saint-Étienne dans sa phase expérimentale de démarrage : 1) Les présentoirs sont réalisés avec des matériaux de récup’ entièrement gratuits apportés par les membres fondateurs ; 2) Le comptoir de la caisse enregistreuse est aménagé avec des palettes ; 3) La liste des animations est mise à jour quotidiennement sur un panneau d’affichage accessible à tous ; 4) Un espace de convivialité est mis à disposition des membres sur le côté du magasin pour boire un café ou prendre un apéritif avec échanges de discussion autour de la vie commune ; et 5) Un tableau d’appel à contributions de toutes sortes est proposé à tous pour nourrir le projet coopératif. L’endroit est convivial, bien vivant et tout aussi sympathique. Les membres associés grâce au statut coopératif se sentent chez eux.

Avantages des supermarchés coopératifs

  1. Accessibilité financière : En coupant les intermédiaires et en agissant à but non lucratif, les prix des produits sont souvent plus bas que dans les grandes surfaces traditionnelles. Cela peut aller jusqu’à des coûts inférieurs de 30 % à la grande distribution traditionnelle.
  2. Impact écologique réduit : La vente de produits locaux et souvent bio permet de réduire l’empreinte écologique, en diminuant les distances parcourues par les produits et en soutenant des méthodes de production respectueuses de l’environnement.
  3. Soutien à l’économie locale : En privilégiant les producteurs locaux, les coopératives contribuent à soutenir l’agriculture locale et à maintenir des emplois dans les territoires.
  4. Renforcement du lien social : La dimension collective et participative crée un lieu de rencontre et d’échange entre les membres de la communauté. Cela favorise un esprit d’entraide et d’engagement dans des projets communs.
  5. Indépendance par rapport aux grandes surfaces : En s’affranchissant des logiques commerciales classiques, un supermarché coopératif permet de retrouver une certaine autonomie économique, dans une logique de solidarité et de gouvernance partagée.

Comment démarrer un supermarché coopératif ?

  1. Identifier les besoins locaux : La première étape consiste à évaluer s’il existe un besoin pour ce type de structure dans ta localité. Une enquête auprès des habitants et des producteurs locaux peut t’aider à définir la demande en termes de produits et de services.
  2. Créer une équipe fondatrice : Il faut ensuite rassembler une équipe motivée pour mettre en place le projet. Cette équipe aura pour rôle de définir les valeurs, la mission, le financement et l’organisation de la coopérative. Un noyau de 10 à 20 personnes motivées peut suffire pour lancer la dynamique.
  3. Établir un business plan : Bien qu’il s’agisse d’une structure à but non lucratif, il est important d’avoir une vision claire de la viabilité économique du projet. Le business plan doit intégrer les coûts de lancement (travaux d’aménagement, achat de produits, etc.), les sources de financement (cotisations des membres, aides publiques, crowdfunding) et les projections de revenus.
  4. Recruter des membres fondateurs : Il est essentiel de mobiliser un nombre suffisant de coopérateurs avant même d’ouvrir le magasin. Ces premiers membres auront un rôle clé dans la gestion du supermarché et pourront participer à des réunions de décision.
  5. Trouver un local adapté : Le choix du local est une étape cruciale. Il doit être situé à un endroit accessible, à proximité des membres potentiels et adapté à l’aménagement d’un espace de vente.
  6. Mettre en place la logistique : La gestion des stocks, la relation avec les fournisseurs locaux, l’organisation des tâches bénévoles… tout cela doit être réfléchi pour que le magasin fonctionne de manière fluide et efficace.
  7. Créer un dispositif de communication attrayant : Le supermarché coopératif appartient à ses membres, il est le reflet d’un certain nombre de valeurs communes partagées : aide locale pour renforcer la résilience alimentaire des familles, partage, entraide et convivialité. Il est important que la communication reflète bien l’état d’esprit sympathique et vivant du projet.

Conseils pour réussir un supermarché coopératif

  • Impliquer la communauté dès le début : Il est important de faire vivre le projet au sein de la communauté locale, de recueillir des idées et des avis sur les produits à vendre et le fonctionnement de la coopérative. Plus les membres se sentiront impliqués, plus la coopérative aura de chance de prospérer.
  • Prioriser les relations avec les producteurs locaux : Créer des partenariats solides avec des producteurs locaux est essentiel. Il faut établir des relations de confiance pour garantir la qualité des produits et la pérennité de l’approvisionnement.
  • Bien communiquer : Assurer une communication claire et régulière avec les membres, via des bulletins d’information, des réunions, et des réseaux sociaux, est important pour maintenir l’engagement et l’adhésion au projet.
  • Être flexible et adaptable : Les premiers mois ou années peuvent être difficiles, et il est crucial d’être à l’écoute des retours des membres et d’ajuster le modèle de fonctionnement si nécessaire.

En résumé, les supermarchés coopératifs sont un modèle de distribution alternatif qui combine des valeurs de solidarité, d’éthique, et d’autonomie alimentaire. Ils permettent non seulement de consommer de manière responsable, mais aussi de renforcer les liens sociaux et l’économie locale. Si tu souhaites t’impliquer dans ce type de projet, il est essentiel de bien préparer chaque étape, de créer une équipe solidaire et motivée, et de mettre l’accent sur la transparence et l’engagement de la communauté.

Exemple de supermarché coopératif récemment ouvert en septembre 2022, le Super Cafoutch à Marseille. Il compte plus de 4000 produits référencés pour un objectif de 2000 adhérents. Il suffit de 3 heures de participation bénévole par mois pour bénéficier de l’offre de ce supermarché coopératif en produits moins chers que dans les hypermarchés et surtout approvisionné en fruits et légumes locaux issus de l’agriculture biologique.

Au début de l’année 2025, il y aurait une centaine de supermarchés coopératifs en France, avec un nombre croissant de projets en préparation ou en développement. Ce modèle alternatif continue de se répandre, en particulier dans les grandes agglomérations et les zones périurbaines, mais aussi dans des villes de taille moyenne où la volonté d’une consommation plus responsable et locale est forte.

Les supermarchés coopératifs sont généralement des initiatives locales, souvent pilotées par des collectifs ou des associations de citoyens, qui se sont regroupés pour répondre à des enjeux d’autonomie alimentaire, de consommation responsable et de soutien à l’agriculture locale. Ces supermarchés sont fondés sur la participation active des membres, qui sont à la fois consommateurs et acteurs du projet, en s’impliquant dans les tâches quotidiennes, les décisions de gestion, ou encore en contribuant au financement.

Quelques exemples de supermarchés coopératifs en France (fin 2024) :

  1. La Chouette Coop (Bordeaux)
  2. La Cagette (Montpellier)
  3. La Fourmilière (Saint-Étienne)
  4. La Louve (Paris)
  5. La Melting Coop (Lyon-Villeurbanne) réunissant épicerie et café coopératifs
  6. Otsokop (Bayonne)
  7. Coopalim (Strasbourg)

Ces supermarchés ont souvent un modèle basé sur des cotisations annuelles et demandent aux membres de participer régulièrement à la gestion et aux tâches pratiques (rayonnage, caisse, gestion des stocks). L’objectif principal est de favoriser une consommation éthique, locale et responsable, tout en rendant ces produits accessibles à un maximum de personnes.

Le mouvement est en forte croissance, soutenu par un désir général de reprendre le contrôle sur l’alimentation, tout en valorisant les circuits courts, la bio, et le commerce équitable. Ce nombre de supermarchés coopératifs devrait encore augmenter dans les années à venir, surtout avec la montée de la crise climatique et l’envie de consommer plus durablement.

Liens pour aller plus loin

1 – Pour échanger, vous pouvez rejoindre le groupe Facebook Supermarché coopératifs. Vous y trouverez de nombreux exemples de supermarchés coopératifs.

2 – L’action 14 est décrite dans les pages 142 à 146 du livre En route pour l’autonomie alimentaire. En voici un extrait :

… Le concept de distribution alimentaire gérée par les habitants eux-mêmes est récent en France. Une première expérience fut entreprise en novembre 2016, à Paris, par La Louve, une coopérative de 3 000 membres, inspirée de Park Slope Food à New York et se présentant comme le premier supermarché coopératif de France.Tom Boothe, réalisateur et cofondateur de La Louve, a présenté le fonctionnement de ce supermarché dans son film documentaire Food Coop, sorti en France en 2016. Dans un entretien paru dans le journal accompagnant la sortie du film, il explique qu’il y a bien en France une tradition de coopératives de consommateurs qui date du XIXe siècle, et que le côté participatif existe aussi depuis des décennies, avec par exemple des crèches parentales et des sites de camping fondés par la MAÏF dans les années 1930, mais que ce qui est nouveau avec Park Slope Food, c’est d’avoir appliqué ce modèle à un supermarché …

Pour lire la suite, voici le lien vers les éditions Terre vivante où vous trouverez le livre.