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PERMATHERAPIE – « Pour mieux aimer, le mental doit se connaître »

Billet n°18 –– Mes pensées m’écartent de l’état de conscience –

Il y a un moment que je constate que nous sommes finalement des handicapés mentaux et des handicapés de l’amour.

Même le plus brillant d’entre nous, le super major de promotion de la plus grande école, est autant handicapé mental et handicapé de l’amour que moi, que toi, que nous tous.
Le déni de ceci ne nous fera que répéter, répéter et répéter encore les mêmes choses portant de plus en plus gravement atteinte à la vie sur Terre. Cela se voit comme le nez au milieu de la figure, la pollution, les maladies, les guerres, la tourmente humaine incessante.

Le reconnaître, l’accepter est le début de la solution.

Comment aller plus loin ?

Beaucoup d’experts se penchent sur le cas de la crise (permanente) à résoudre, sur les plans techniques, médical, écologique, sociétale, philosophique, politique et spirituel…

De très belles solutions sont apportées, les gens se regroupent, plein d’initiatives de partage émergent, l’intelligence collective est à l’œuvre dans bien des endroits.

Pour ma part, j’apporte ma contribution en faisant ma part, en écrivant cette série de billets, alimentant ainsi la Permathérapie.

Plus j’avance dans mon travail intérieur, plus je me rends compte que pour arriver à mieux aimer, ce qui résoudrait beaucoup de nos problèmes, le mental doit se connaître.

Comment est-ce possible pour une fonction qui n’arrête pas de mettre le bazar dans ma tête et dans ma vie, de s’utiliser pour se connaître, est-ce possible sans tourner en rond ?

Oui, en tout cas en partie et c’est un bon début. Cela demandera beaucoup de patience, de finesse, de travail, de concentration et d’apprentissage. Pourquoi ? Parce que les jeux du mental sont tellement cachés, dissimulés et recouverts par une montagne d’émotions, qu’il faut, pour le démasquer, un microscope monté sur une grande échelle, capable à la fois d’embrasser un vaste horizon et de voir le détail le plus infime, et encore, le mental sera toujours capable de nous jouer des tours.

Il m’est apparu que la majeure partie de ma journée, je ne vivais pas en conscience, je suis comme en pilotage automatique. Parfois, j’ai l’impression d’être réveillée et je m’entends dire des réactions du genre, ah non ! Ah oui ? Je ne savais pas, je croyais que, je m’attendais à, ce n’est pas cela, je pensais que… Puis, je constate que j’ai le cou tendu, le dos douloureux, que je me suis pris les pieds dans le tapis, que j’ai marché sur la queue du chat, merde alors !

Où étais-je ? Dans ma tête, dans mes pensées, dans mon imaginaire, dans des suppositions, des interprétations.

Comme cette journée m’a fatiguée, car tout ce que je rencontrais me surprenait, en effet, je ne m’attendait pas à telle nouvelle, je croyais que le magasin allait ouvrir à telle heure, le facteur est passé et je voulais être là, faudra attendre et aller à la poste chercher le colis, je suis pressée et il y a la queue, et en voiture je ne vous dis pas, c’est pire, rien que des voitures partout, alors je suis allée à la salle de gym soulever des plombs pour me passer les nerfs puis après, je me suis enfilée un apéro !

60 000 pensées par jour sont produites par notre mental selon le Dr Daniel Amen !

Je ne sais pas comment il a fait pour mesurer ce chiffre impressionnant. Même si on n’en comptait que la moitié, cela ferait quand-même beaucoup !

Et alors, pendant que je pense que se passe-t-il ?

Je ne parle pas ici des conséquences des pensées négatives qui vous plombent, ni des pensées positives pour vous stimuler, genre méthode Coué.
Non, ce qui m’intéresse c’est le fait que quand je pense, je ne suis plus en conscience et je ne suis plus centrée.

Quelles que soient les pensées, positives ou négatives, elles m’écartent de l’état de conscience.

Lorsque je ne suis pas conscient, je suis dans un état subconscient, c’est-à-dire dans un état sous- conscient et que se passe-t-il dans cet état ? Eh ben « je dors », j’agis comme un somnambule dans ma bulle de réalité qui ne l’est pas du tout mais que j’ai bien construite.

Dans cette bulle, je prends tout et n’importe quoi pour la réalité.
C’est une déconnexion complète.
Et si je suis déconnectée comment faire pour m’en rendre compte ? Les pieds dans le tapis vous dis-je ou le miaulement rauque du chat, et là ce ne sont que des exemples gentils.

Malheureusement, il est excessivement difficile pour nous êtres humains, de vivre en état de conscience.

Certains êtres le sont (lire Messages des hommes vrais au monde mutant, par exemple).

Comment faire pour vivre en état de conscience ? Je ne sais pas.
Pour vous « rassurer », je n’ai fait aucune étude de psychologie, ne lis pas de magazines spécialisés, et ne cherche pas à rivaliser avec les grands pontes du sujet de l’activité mentale qui a été étudiée en long, en large et en travers et même sous hypnose. Ce qui m’intéresse, c’est de m’en sortir avec mes propres moyens. Je dois arriver à être autonome avec ce sujet.

Comment faire en sorte que mon activité mentale me serve au lieu de me desservir, de m’emmener dans des complications et dans une activité émotionnelle intense?
Je repose donc ma question, comment faire pour vivre en état de conscience ?

J’approcherai mieux cette question en me demandant ce qui m’empêche de vivre cet état de conscience.
Je me suis dit que si j’enlevais ce qui m’empêchait d’être consciente alors peut-être connaîtrais-je cet état-là.

J’ai réalisé que c’était avant tout l’activité incessante de mon mental qui m’empêchait d’être consciente.

De mon point de vue, pour que le mental se connaisse, il doit s’observer et l’observation n’est pas du jugement.

Je dois donc apprendre à l’observer par-dessus mes pensées.
Je le fais depuis 5 ans. J’observe mon activité mentale, ainsi que celles des autres en observant tous les signes qui vont avec, ce qui m’aide aussi à voir en moi.

Puisque j’ai du mal à arrêter les pensées qui jaillissent sans que je ne m’en rende compte, j’ai décidé de les observer par thèmes.

Pensées me concernant. Elles tournent immanquablement autour du doute, de l’appréciation de soi, du jugement de mon physique, alors là il y en a un paquet ! sur des conduites à tenir en prévision d’une situation donnée, entretien, visite médicale, réunion, trajet, etc…

Pensées tournées vers les autres. Ces pensées me font supposer, imaginer ce qu’ils ont dans leur tête. Elles concernent aussi des suppositions de ce qui va arriver s’ils faisaient ceci ou cela. J’imagine aussi des causes d’évènements.

Ce sont des pensées qui concernent d’autres personnes, ou des évènements, elles se focalisent sur l’extérieur de moi.

Pensées de jugement. Là c’est franchement idiot, pour ma part, les principales pensées sont commandées par ma vue. Quand je croise des gens, je juge la taille, la grosseur, l’habillement, la façon de marcher, le teint, l’état de fatigue ou de rayonnement, idem pour des immeubles, des voitures, des animaux, des paysages, et ça se résume à j’aime, ça me plait, ou au contraire je n’aime pas et va jusqu’à la répulsion.

C’est sans arrêt, et je loupe complétement l’état de conscience. Ma vue ne voit rien d’autre que ce qu’il y a à juger !

Bon, cette observation est un bon début.
Je m’observe penser et je vois à l’œuvre, l’imagination, les suppositions, les réactions, les interprétations, les jugements… Et donc, comme je ne peux vraiment empêcher ces giclées à jet continue, la solution que j’ai trouvée pour ne pas être épuisée, et encore, il y a des jours où je suis dans un état comme si je n’avais fait aucun travail intérieur, c’est de ne pas tenir compte des informations que j’ai reçues pour soi-disant me guider. Je sais que toutes ces pensées sont erronées, automatiques, réflexes, et je n’ai pas à en tenir compte et qu’ai-je observé ?
Que les émotions m’affectaient bien moins, que j’étais amenée à voir les subtilités de l‘incompétence de ce mental qui est en moi, à voir aussi lorsqu’une idée est juste et source de progression, la distinguant d’une pensée porteuse d’une fausse bonne idée.

Reprenons, que faire de ces observations ?

D’abord je ne les juge pas, disons mieux je ne me juge pas, et j’accepte ce fonctionnement mental qui est le mien et dont je reconnais qu’il me conduit sur des pistes inexactes et finalement me fait perdre beaucoup de temps par son inutilité.
Je me rappelle ensuite que mon ami le mental fait tout pour me « sauver la vie », pour me mettre à l’abri du « danger » (cf. billet n°16, ici). C’est ce qui s’appelle simplement, la peur de mourir, alors que dans l’instant, je ne suis pas en danger de mort.
Alors la meilleure attitude que j’ai trouvé à faire, est de ne pas tenir compte de tout ce « blabla » intérieur incessant, je n’en tiens pas compte, je considère ces informations comme erronées, et là je souris de moi et m’envoie une bonne dose d’amour qui est aussi assez proche de la compassion pour ma condition humaine encore bien limitée.

Depuis que je fais cela, j’ai gagné du terrain sur quelques points.
Par exemple, je viens de moins en moins polluer mes amis, mes proches, mon chéri, avec ma manière de penser pour eux, du genre, tu devrais faire comme ça, t’aurais dû, réfléchis, tu es sûr de toi ? Celle-là elle est épouvantable, à jeter à la poubelle !
Ou encore, fais bien attention, tu ne devrais pas et bien d’autres projections mentales qui dévoilent simplement tous les messages de peur qui me sont personnels et qui ne les concernent pas du tout.
Sauf qu’eux, avec leur mental aussi handicapé que le mien, prennent parfois pour argent comptant ce que je leur ai dit et s’empêchent ainsi de faire ce qui est juste pour eux, pensant que faire ce qui est juste selon moi est sécurisant pour eux (Rappelez-vous les dialogues du billet 16 cité supra).

Cette attitude d’observation est tout un art, car elle va me permettre aussi de savoir quand mon aide sera appropriée.

C’est peut-être pour tout cela que je suis devenue allergique aux messages publics répétitifs suivants. « Pour votre sécurité » on met des radars et des caméras partout, « pour votre sécurité » mettez une étiquette sur votre valise, « pour votre sécurité » passez sous le portique, « pour votre sécurité » on va vous pucer au cas où vous vous perdriez dans les bois !…

C’est facile de faire peur, très facile, certains ne peuvent pas s’en empêcher car ils connaissent ce réflexe du mental de maintenir Ego en vie à tout prix, et croient ainsi détenir du pouvoir sur autrui pour combler leur propre peur envoyée par un mental aussi handicapé.
Les conséquences sont très embêtantes car cette peur pollue tout le reste et surtout, surtout, notre capacité à aimer, et c’est là que tout se détraque !

La permathérapie est donc une thérapie permanente.
Prendre soin de soi, de l’autre et de la Terre commence par soi, avant tout par l’observation de son activité mentale sans jugement, nous amenant à discerner entre une alerte erronée venue du mental et une intuition, ou une information de notre intelligence supérieure.

C’est pourquoi, je pense que les plus grands progrès que nous puissions faire pour améliorer les choses pour nous et la vie sur Terre, c’est d’enclencher cette noble tache pour que le mental se connaisse, nous faisant sortir pour des temps de plus en plus long de l’état subconscient à conscient, nous amenant à être enfin capable d’aimer correctement.

Sabine Becker

11 juillet 2016

Crédit Photo : Chat regardant à travers une longue-vue et autre chat perché dessus, Agence Rol, 1911. Source: Gallica/BnF. Site web – Cattus et Artes / Henry&Raymond. Henryetraymond.wordpress.com https://henryetraymond.wordpress.com/2015/11/16/cattus-et-artes/

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