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PERMATHERAPIE – Faire de la prison un lieu de reconstruction de soi

Billet n°20 – Quand la permathérapie s’invite en prison – témoignages de détenus –

Le 28 avril 2016 nous sommes allés François et moi à la rencontre de détenus dans un centre pénitencier, afin de faire une conférence participative sur la permathérapie ainsi que sur l’apprentissage de l’agriculture urbaine.

Nous avons été accompagnés par l’administration pénitentiaire intéressée par ce projet.

16 détenus étaient présents, tous très motivés et intéressés.

Nous avions amenés cinq plantes aromatiques très odorantes comme la menthe, le basilic, l’aneth ainsi que de l’origan et du persil. Ce fut un enchantement pour les participants d’être en contact avec du végétal et leurs odeurs. Même les membres du personnel avaient le regard pétillant et le sourire aux lèvres en nous voyant passer avec notre précieux chargement.

J’ai été frappée par les réactions très positives des détenus. Nous avons eu des échanges fructueux. L’un d’eux nous a même dit « si j’avais su tout ça, je ne serai pas là » !

Si notre projet peut voir le jour, il s’inscrira vraiment dans l’optique que le centre de détention peut devenir pour ceux qui le souhaiteront, un lieu d’apprentissage, de liens, de soin, d’avancée personnelle en vue de préparer la sortie.
La permathérapie est en tout cas une des possibilités offerte pour aider à la reconstruction de soi.

Voici six témoignages repris in-extenso, qui parlent d’eux-mêmes, ils sont riches, intéressants et nous montrent l’ouverture d’esprit et l’envie d’évoluer, de progresser, d’avancer de ces personnes.

1 – Cette conférence était très intéressante, ça m’a permis d’élargir mes connaissances sur la bio culture, de voir qu’il est possible de changer notre manière d’exploiter les potagers dans un milieu urbain ou désertique, c’est une richesse de se servir de ce savoir pour évoluer dans notre façon d’entreprendre en matière d’agriculture biologique.

Je souhaiterais pratiquer la permathérapie au sein d’un établissement pénitentiaire, tout est possible, c’est une histoire de volonté de la part de la direction, de plus la bio culture qui nous était présentée, a un coût très faible et n’exige pas beaucoup de place, ce qui est très intéressant. Pratiquer ce type d’agriculture à des détenus a de la valeur dans tous les sens du terme, ça permet aux détenus d’avoir un rapport avec la terre et les produits, il prend conscience qu’avec pas beaucoup de moyens on peut développer et créer de la nourriture saine, ça le sensibilise à la pollution et à la manière de gérer ses actes dans la vie de tous les jours. Sortir de la cellule pour cultiver c’est respirer intelligemment, à l’heure où tout est globalisé et numérisé, il est important de savoir qu’il y a une autre façon de vivre sans consommer à outrance et n’importe comment. La bio culture nous permet d’avoir une réflexion sur le devenir de notre Terre. Ce type d’atelier est primordial pour faire connaître aux personnes qu’il y a une autre façon de consommer, d’entreprendre et de cultiver sans d’énormes moyens. C’est l’avenir qui est en jeu, tout le monde doit jouer et gagner.

2 – J’ai appris que même dans les endroits les plus sombres, il y a de belles personnes qui viennent y apporter la lumière.

Évidemment, je partage avec enthousiasme l’idée de développer l’agriculture urbaine dans un centre pénitencier, cela ne peut qu’être positif. Je pense même qu’il faudrait étendre la démarche en organisant un système de récupération de déchets à compost (organique). Également récupérer le pain une fois par semaine, éventuellement un poulailler, etc…

Pour d’autres idées d’actions culturelles, je pense à sensibiliser les détenus à la médecine alternative, aromathérapie, phytothérapie, tout ce qui peut éviter au maximum la surmédication.

3 – La conférence a été extrêmement intéressante car elle permet de montrer qu’avec de la volonté et parfois de la simplicité, nous pouvons changer le cours des choses.

Mon souhait : mettre en pratique la conférence d’agriculture urbaine comme les intervenants nous l’ont dit et cultiver des légumes au sein même de la maison d’arrêt.

4 – Je cultive des légumes dans un jardin, mais ne connaissais pas le procédé que vous nous avez parlé. De plus les légumes sont frais et la méthode est impressionnante.

Cette conférence est très utile cela permet des rencontres avec des personnes qui maîtrisent le sujet. On peut l’apprendre à des groupes de jeunes composés de 20 personnes de 14 ans pour que quand ils grandissent, ils parlent et prennent conscience de l’écologie, la manière d’être autonome par soi-même. De plus, j’ai votre feuille de menthe encore en ma possession. Si je peux faire appel à vous en dehors pour faire l’expérience avec un groupe de jeunes motivés et pourquoi pas, lancer la mode dans tout Montpellier. Merci encore. Respect.

5 – La conférence m’a appris une nouvelle façon de jardiner avec peu de place et peu d’eau.

Je compte faire une demande de jardin familial à la mairie de ma ville à ma sortie de détention et de parler autour de moi de la culture autosuffisante. Et j’espère que cela pourra se mettre en place à la maison d’arrêt.

6 – Mettre en place tout ce qui peut apaiser ces « tensions sociales », des approches « thérapeutiques douces » – zoothérapie, jardinothérapie, musicothérapie, bibliothérapie, arthérapie, sophrologie, méditation.
Tout ce qui peut « élever l’âme et l’esprit » des détenus.
Toute culture « théoriquement » inaccessibles ici.
Tout ce qui peut « recentrer », ouvrir l’esprit sur les autres et le monde.

7 – J’aime bien l’agriculture et les paysages.

Je souhaiterais avoir un terrain où on peut cultiver les plantes et légumes dans la prison.

Sabine Becker

1 août 2016

Crédit photos : Sabine Becker, François Rouillay. Photos prises le jour de l’intervention de permathérapie dans le centre de détention.

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