On peut le dire, l’autonomie alimentaire des villes est en marche.
Après Albi et Rennes, voici l’agglo d’Orléans avec 14.000 stades de foot agricoles, vous imaginez en permaculture, le taf ? Et Dijon aussi.
“L’agglomération d’Orléans mise sur l’autosuffisance alimentaire !”
La République du Centre – L’agglomération est loin de l’autosuffisance alimentaire. Mais pourrait-elle être atteinte d’ici quelques années ? Éléments de réponse.
11.000 hectares, l’équivalent de 14.000 stades de foot. C’est la superficie de la surface agricole, dans l’agglo d’Orléans. Un tiers du territoire pourtant insuffisant pour nourrir ses 275.000 habitants. Impossible de trouver des producteurs de viande, par exemple, même si 30 % des 232 exploitants agricoles de l’agglo (en céréales, fruits, etc.) vendent directement au détail, au marché ou sur le Net. On est loin de l’autosuffisance alimentaire, envisagée ailleurs pour 2030, comme à Dijon.
Premier pas : la charte agricole
Mais Laurent Baude, maire de Semoy, ancien vice-président chargé de l’agriculture à l’AgglO, et pressenti pour récupérer ce poste en janvier, y croit. À très long terme. « L’idée est d’abord de s’appuyer sur les actions mises en place depuis 2012, dit-il, favorisant l’implantation de producteurs locaux, par le biais notamment de la charte agricole, signée par les 22 communes de l’AgglO et la Chambre d’agriculture du Loiret. Celle-ci valorise cette activité économique et protège les terres de la pression urbaine. » Un agent est chargé de la faire vivre, et un guide de la vente directe, du producteur local aux consommateurs, est paru. Une deuxième mouture paraîtra en 2017. La charte agricole devrait aussi être remaniée, l’an prochain ou en 2018. Un système de couveuse agricole devrait aussi voir le jour, avant 2020.
Et les communes travaillent aussi de leur côté. À Semoy, un bail rural environnemental a été signé en 2013 par un maraîcher bio, après l’acquisition d’hectares de foncier agricole par la commune. À Olivet ou Chécy, des zones agricoles protégées ont été mises en place.
L’autre pan sur lequel travailler, ce sont les circuits courts pour la restauration collective, selon Laurent Baude. « À Semoy, nous sommes adhérents à la cuisine intercommunale, avec Saint-Jean-de-la-Ruelle, Saint-Jean-de-Braye et La Chapelle-Saint-Mesmin. L’idée serait que quatre ou cinq producteurs locaux, basés à Semoy ou Saint-Jean-de-Braye, fournissent entièrement cette cuisine. C’est un rêve tout à fait réalisable. Pas demain, mais c’est possible. La difficulté, c’est de trouver les producteurs. »
À Orléans, l’adjoint à l’éducation, Florent Montillot (UDI) y croit aussi beaucoup. « On finalise un partenariat avec le Conseil départemental, et l’on souhaite que d’ici septembre 2017, les écoles orléanaises, une quinzaine de collèges et le restaurant interadministratif (pour la mairie, la préfecture) favorisent au maximum les circuits de proximité (50 à 100 km) et courts (au maximum un intermédiaire). Et l’épluchage des fruits et légumes se fera à Orléans, d’ici fin 2017. »
30 % des exploitants vendent « en direct »
Les entreprises candidates à la nouvelle délégation de service public, en vigueur en septembre, auront obligation de faire appel à des producteurs locaux. « On veut tendre à 90 % des fruits et légumes d’ici 7 à 9 ans, explique-t-il. Pour les bovins, ovins c’est plus dur à trouver. Mais si c’est dans le Cher, ou en Indre-et-Loire, ça marche. » L’élu dit vouloir aussi limiter bananes ou kiwis. « Bien sûr, il y aura toujours des oranges, des mandarines. Mais le reste doit être produit sur notre territoire. La notion de proximité est dans la loi. » La cuisine centrale produit 11.000 repas par jour aujourd’hui, 20.000 d’ici 9 ans.
L’autosuffisance se pense donc à l’échelle du bassin de vie d’Orléans, de Lamotte-Beuvron à Neuville-aux-Bois, voire un peu au-delà, pour trouver des producteurs. Ce ne sera alors plus un rêve, mais une possibilité.
Photo d’illustration © Eric Malot – L’agglo travaille à protéger ses exploitants agricoles, et à en accueillir de nouveaux, pour qu’ils nourrissent davantage la population locale. Même si l’autosuffisance est encore très loin, certains élus en rêvent.
Encadré – À Dijon, on veut être autosuffisant d’ici 10-15 ans
L’annonce a surpris tout le monde, à Dijon. Il y a quelques semaines, au détour d’une inauguration ayant un vague rapport avec la gastronomie, le maire François Rebsamen (PS) prend «l’engagement d’assurer, à l’horizon de 10 ans, l’autosuffisance alimentaire de Dijon».
Benoît Bordat, conseiller communautaire (Cap 21), délégué à l’agriculture périurbaine, travaille aujourd’hui sur le projet. « L’Inra avait fait une étude du foncier agricole, des circuits courts, en 2008. On s’est appuyé dessus et on a noué un partenariat avec la Chambre d’agriculture, pour installer deux gros marchés fermiers, à l’automne et à l’hiver. Mais c’est surtout l’achat d’un site agricole de 160 hectares (pour colza, orge), qui a été le coup d’accélérateur. Huit hectares sont aussi consacrés à la viticulture. »
Autonome… en vin
Résultat, c’est déjà l’autonomie en vin, qui est bientôt assurée. Il faut bien un début. « Ça a du sens en lien avec notre cité de la gastronomie et du vin, détaille l’élu. Après, pour l’autosuffisance, d’ici 10 ou 15 ans, faut s’accrocher. On a un manque de terres agricoles si l’on se cantonne à Dijon. Ici, c’est la dominante céréales et vin. Donc il faudra raisonner en bassin de vie, faire un diagnostic. Que produit-on ? Que consomme-t-on ? Et croiser tout ça. On n’aura pas de bananes ni de mandarines, mais sur les produits de base, type œufs, lait, céréales, pour commencer, c’est possible. On ne produira pas tout le lait des Dijonnais non plus, mais on pourra aider le circuit court du département, faire des pâtes locales, etc. Il y a aussi le miel, et on va avoir une truffière, produire des cassis… On essaie aussi avec l’élevage de chèvres, mais c’est plus dur, car plus coûteux, et pour le maraîchage, une couveuse est en réflexion… »
L’idée est de commercialiser, ensuite, des produits « made in Dijon », pour faire de la promotion touristique. C’est l’autosuffisance vue comme un cercle vertueux.
Un article signé Florent Buisson.
Après Albi, Rennes, l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, et à présent l’agglomération d’Orléans et la ville de Dijon, quelles seront les prochains territoires à faire le choix de l’autonomie alimentaire à l’horizon 2020 pour un avenir soutenable et durable ?
On en parle au sein du groupe Facebook Autonomie Alimentaire 2020 :
https://www.facebook.com/groups/1658162144476618/
Comment un vice président de l’agriculture à l’Agglo, peut-il défendre les producteurs locaux, alors qu’il notifie en tant que président du SIRCO, des marchés de fournitures de denrées alimentaires à des sociétés nationales dont les entrepôts sont situés à plus de 400km de notre cuisine collective. Dernièrement la chambre régionale des comptes d’Orléans a remis un rapport complet sur cette façon de gérer le SIRCO (syndicat Intercommunal de Restauration Collective,regroupant les communes de St Jean de Braye,St Jean de la Ruelle, Semoy, La Chapelle St Mesmin, et Bou.
D’autre part l’ensemble des parcelles arboricoles et céréalières de la commune de Semoy ne sont plus exploitées depuis des années.La commune ressemble à une vaste jachère qui favorise la prolifération de sangliers et chevreuils.
Quid de cette charte agricole?
Beaucoup de choses peuvent être réalisées avec nos agriculteurs.