Une affaire de lasagne. Un exemple, à Montcalm, dans le Gard, sur un ancien terrain de tennis en béton. Comment y produire 100kg de légumes en 100 jours ? Du carton, des déchets organiques récupérés aux alentours, du bois mort en décomposition, et un peu de terreau. Le tout étalé en couches successives sur le béton, et ça marche. Un sol nourricier de grande vitalité. Même dans des conditions difficiles, il est possible de « reprendre la main sur son alimentation », et de la produire, individuellement ou collectivement.
Le mouvement d’origine anglaise, incredible edible, traduit en français par « incroyables comestibles », est une source d’inspiration pour ce processus d’appropriation. Né en 2008 à Todmorden dans le nord de l’Angleterre, a été introduit en France en 2012 par un des auteurs, pour lutter contre la pauvreté et rendu célèbre par un écriteau « Food to share », nourriture à partager, planté devant des petits jardins créés un peu partout, dans des espaces réputés sans intérêt.
Le livre de François Rouillay et Sabine Becker est un guide pour aider les volontaires à se lancer dans ce type d’initiative, à partir d’expériences menées en France de 2015 à 2018. Reprendre la main sur son alimentation, mais aussi recréer le lien « de la terre à l’assiette », y compris dans des villes. L’autonomie mentionnée dans le titre est « la capacité d’un territoire urbain à produire une nourriture saine permettant de répondre aux besoins quotidiens primordiaux de ses habitants ».
Approche urbaine et agricole à la fois, avec pour objectif un « plan paysage nourricier » et en invitant les collectivités à remplacer progressivement les buissons décoratifs par des plantes productives en libre-service. De nombreux exemples sont évoqués, à Onex (canton de Genève, en Suisse), à Rennes, à Apietto (Corse), à St Philippe (La Réunion), à Sarcelles (Val d’Oise) ou au Val de Reuil (Eure), liste non limitative.
Le guide proposé dénombre 21 actions à enchainer, parmi lesquelles on notera la phytoremédiation, qui consiste à dépolluer les sols et les eaux avec des végétaux, et 7 clés pour la réussite, au premier rang desquelles on trouve une « vision commune partagée ».
Un glossaire, enfin, pour compléter le guide, dont le premier mot, par ordre alphabétique, est Aggrader, « acte d’enrichir les sols par différents moyens naturels issus de la biomasse ». Le contraire de dégrader, peut-on présumer. Un plus pour la planète, et une source d’alimentation pour les humains, un double dividende bienvenu !
Une fiche de lecture signée Dominique Bidou, ancien directeur au ministère de l’Environnement, consultant (cabinet DBDD), président du Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIDB), président d’honneur de l’association HQE. Il écrit des livres, donne des conférences et anime un site sur le développement durable, le “Dictionnaire du développement Durable”.
Source – Fiche de lecture “En route pour l’autonomie alimentaire” dans Le Dictionnaire du Développement Durable.