Billet n°26 – Que sommes-nous devenus ?
Depuis que je travaille avec François Rouillay sur le thème de l’autonomie alimentaire et ayant entrepris depuis plusieurs années un travail sur moi, vous savez ce que j’appelle « la Noble Tâche » du travail sur Soi, j’avance dans la vision générale de notre destin commun et je vois clair. Aussi je vous invite à voir clair aussi.
Je vois les paysages qui se sont transformés au fur et à mesure de notre perte d’autonomie et donc de notre conscience. Mais ne les a-t-on jamais eues ?
Je vois que les hôpitaux deviennent des géants, les cliniques des grandes villes ont maintenant la taille des CHU des années 80/90. Les pharmacies sont devenues des centres commerciaux à elles seules, avec leurs parkings, chariots et écrans plats lumineux qui clignotent même pendant la nuit, invitant le passant à entrer pour consommer.
Les maladies vont croissant : l’obésité, le diabète, les troubles liées au stress, l’autisme, les cancers, les dégénérescences physiques et morales, les maladies cardio-vasculaires.
Les zones d’activités nourricières proches des villes ont disparu au profit des zones d’activités artisanales et commerciales de biens de consommation et alimentaires, créant une normalité comme une bulle d’influence dans laquelle chacun de nous calque ses comportements sur ceux des autres qui poussent aussi leur chariot, attirés que nous sommes par l’offre ainsi déployée. « On » a juxtaposé dans des étalages, de la nourriture et des biens matériels, et c’est devenu normal.
Je vois les immenses champs de blés trafiqués, monocolores, qui ne brillent plus au soleil, et je sens aussi la bonne odeur des croissanteries, des pizzas dans les centres urbains et commerciaux.
Je vois aux arrêts d’autoroute, la transformation des stations-services en supermarchés où règnent vraiment les sucreries, viennoiseries, les repas “burgerisés”. J’ai même vu une superbe grande photo d’un magnifique croissant tout doré, collée sur la face interne de la porte des WC ! Une marque célèbre qui commence par un M, étaler son restaurant à côté du centre commercial et de la station essence où, summum du progrès, des robots informatiques sur panneaux d’écrans lumineux, vous invitent à appuyer sur des images et à payer aussitôt avec la carte de crédit. J’ai vu le flux des personnes entrant, sollicitées par cette offre et se conformer sans problème à cette manière de se nourrir.
Je vois la maltraitance animale pour nous nourrir : les poules pondeuses en batterie, les cochons immobilisés, les veaux dopés, les batteries, les batteries, les batteries sans fin ; je vois les OGM, les pesticides, les antibiotiques.
Je vois l’uniformisation de l’occupation des territoires périurbains, dans leur fonction à la fois nourricière et de consommation de biens matériels, conditionnant nos comportements qui nous transforment en automates comme ceux des bornes à essence, des caisses de supermarchés, des postes de commandes de notre nourriture. J’ai vu le monde dans lequel nous vivons, j’ai vu les faits par l’observation neutre, sans jugement, comme un photographe dévoile une vérité crue et nue.
Où en sommes-nous arrivés pour faire cela, pour manger cela comme des biens de consommation, pour permettre que tout ceci existe ?
Je vois que c’est l’état de conscience qui dessine nos territoires.
Que sommes-nous devenu ? Des zombis malades ? Malades de quoi ? Malades de ne pas avoir su garder notre vigilance, notre quête de savoir qui nous sommes, de savoir pourquoi tout ceci, pourquoi s’être laissés embarquer sans nous en rendre compte ou alors en le déniant, dans cette immense spirale involutive.
L’observation sans jugements, ni interprétations, ni suppositions de nous-mêmes est une voie de salut pour autant que nous nous contentions d’observer les faits et non l’idée que l’on se fait d’eux en y joignant une opinion, car chaque opinion trouve sa source dans une émotion, de même que chaque jugement, c’est à dire chaque comparaison, déclenche une émotion. Or toute émotion nous emporte loin de la réalité, des faits.
Les faits sont ce que j’ai décrit plus haut : les hôpitaux, les troubles de santé de plus en plus nombreux, le stress envahissant, les animaux maltraités, sans parler des faits politiques, du terrorisme, de la xénophobie, des guerres incessantes, de la mort des sols, du dérèglement climatique, de la pollution réelle, de la disparition d’espèces entières etc… etc…
Que sommes-nous devenus ? Des automates réagissant sans cesse de manière épidermique en émettant des opinions qui viennent se heurter sans fin aux opinions d’autres automates.
Puis j’ai vu aussi, lors de notre tournée de conférences du mois de mars de cette année, des territoires vivants et nourriciers, des êtres attentifs les uns envers les autres, bienveillants, cultivant la terre avec soin, mais aussi le savoir vivre, la simplicité, le partage. L’énergie y était différente, vivifiante, si bien que nous passions notre temps à nous complimenter, à dire notre émerveillement et pour finir à nous prendre dans les bras pour nous embrasser, pour nous aimer.
Que se passait-il ici ?
J’ai vu l’effet de la connexion à la terre nourricière et donc à la nourriture vivante et donc respectée. J’ai vu les transformations s’opérer sur le territoire et sur les gens.
Que se passait-il ?
Une prise de conscience, un réveil, une sortie de l’état de zombi, j’ai entendu des « ça suffit ! », des « je fais ma part », et aussi des « je mets les mains dans la terre », « je crée », « je partage ».
Ouf ! que cela fait du bien de s’humaniser ! C’est possible alors ? Bien sûr que oui, mais cela demande de se réveiller.
Alors je vous en conjure, mettons le réveil en route !
Sabine Becker
18 juin 2017
Crédit photo : Le Jardin des Vertueux dans les hortillonnages à Amiens.
Photo : Teddy Henin, tous droits réservés. Lien facebook vers le Jardin des Vertueux ici.
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UN GRAND MERCI SABINE. Je n’aurais rien à ajouter. Simplement dire que la même chose se passe sur mon continent l’Afrique.
Et les mêmes questions m’interpellent. Aussi des réponses se font jour. Un tout début de questionnement.
Merci parce que vous me réconfortez dans ma démarche…. mettre en place des rencontres d’échanges, et aussi de transformation de soi.
Merci pour la Noble Tâche….une base sur laquelle nous échangerons une fois rentrée.
J’espère vous rencontrez avant de retourner et aussi revoir François.
UN GRAND MERCI.
En Amour et en Paix.
UBUNTU. JE SUIS PARCE QUE TU ES.
Isis
Merci Isis pour ton témoignage. La Noble Tâche nous occupe à chaque instant, celle de rester en vigilance absolue pour développer notre discernement sans pour autant juger, pour savoir dire non merci, très peu pour moi, et focaliser sa conscience vers des centres de pensées plus élevés.