Accueil Le blog de François Mémoire de nos villes qui ont connu l’autonomie alimentaire…

Mémoire de nos villes qui ont connu l’autonomie alimentaire…

Plan de la ville de Caen / levé par Étienne, graveur, à la fin du XVIIIe siècle. Vue générale de la ville prise du Moulin-au-Roi, en 1835. Je suis né à Caen, en 1960. Je me souviens de mes promenades durant les années 70 dans les verts pâturages tout autour de la ville, on y trouvait encore des vaches laitières, des chevaux et des prés plantés de pommiers pour le cidre et les tartes tatins. Juste avant la guerre de 1940, il y avait des potagers, des vergers, des prairies et des champs pour nourrir les habitants. L’École Normale de Caen, construite en 1930, possédait d’immenses potagers pour apprendre le jardinage aux futurs instituteurs. La ville assurait son autonomie alimentaire avec ses producteurs locaux à moins d’une heure d’approvisionnement.

Le plan de Caen ci-dessus montre bien la place des fermes et des surfaces de pâturage qui permettaient de nourrir la ville de Caen en intra et extra muros de l’époque. Aujourd’hui, la ville ne possède plus que 3 jours de stock de nourriture, comme pratiquement toutes les villes de France. Si vous cliquez deux fois sur la photo, vous pouvez agrandir pour voir en détail l’importance des surfaces de culture de la ville de Caen au XVIIIième siècle.

Le plan de l’école normale de Caen en 1930 ci-dessus, au moment de la construction de son nouveau bâtiment montre bien la surface occupée par les terrains à vocation de potager et de verger qui est aussi importante que l’ensemble des espaces bâtis à usage pédagogique.

La vue aérienne de l’école normale de Caen, rue Caponière, permet de se rendre compte de l’importance des surfaces de terrains destinées à enseigner l’art de jardiner aux futurs instituteurs pour apprendre aux enfants à produire leur nourriture en tant qu’enseignement de base de l’Éducation Nationale, dans la France d’avant 1940.

Une photo rare très ancienne montre l’intense activité dans le potager d’une école normale dans la période précédant et suivant la Première Guerre Mondiale comme sur ce cliché pris à Douai.

Aujourd’hui, en Belgique, la ville de Liège fait figure de pionnière en matière d’agriculture urbaine. Vers 1905, son école normale offrait déjà la vision d’un jardin potager tiré au cordeau.

Avant la reconstruction d’après-guerre qui a donné naissance à la mondialisation, quasiment toutes les villes possédaient leur ceinture de maraîchage pour approvisionner les populations locales en nourriture. À Caen, boulevard Richemond, près du cimetière Saint-Gabriel, des terrains immenses étaient affectés à la production agricole, comme le montre l’exploitation des Champs St-Michel sur une illustration du XVIIIe siècle. En 1970, avant la construction des lotissements et le développement de l’urbanisation, on pouvait trouver encore des reliquats de maraîchage dans la ville à cet endroit.

Dans les années 1930, les célèbres jardins de Montreuil formaient déjà la jeunesse pour apprendre à cultiver de sorte à disposer de main d’œuvre compétente pour assurer la production en fruits et légumes dans la ville, aux portes de Paris. J’ai posté un article sur le sujet le 26 janvier 2018 montrant la richesse des jardins de Montreuil avec ses 600 km de murs cultivés au Clos des Pêches.

Si les Écoles Normales d’avant-guerre étaient séparées en deux sections pour instituteurs et institutrices, les leçons de jardinage n’en étaient pas moins réservées qu’aux hommes comme on peut le voir sur cette photo de 1904 à l’École Normale d’institutrices de Rodez où les futures enseignantes apprenaient l’art de la greffe des arbres fruitiers et du jardinage au potager.

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