La production de biomasse consiste à utiliser des matières organiques (comme les déchets de cuisine, les restes de fruits et légumes, les feuilles mortes, les coupes d’herbes et de gazons, etc.) pour produire rapidement des lits de culture très fertiles ou des engrais naturels. Cette démarche vise à réduire les déchets et à valoriser les ressources naturelles de manière écologique. En ville comme à la campagne, la recherche de biomasse permet d’identifier la ressource disponible et librement accessible pour fabriquer son substrat fertile permettant de faire pousser des fruits et légumes dans les meilleures conditions possibles avec des coûts proches de zéro.
Le ramassage de feuilles mortes constitue certainement l’action la plus simple en matière d’exploitation de la biomasse disponible, aussi bien à la ville qu’à la campagne. Il suffit de la repérer, la ramasser et la mettre en sacs pour la rapporter sur le lieu où l’on désire produire de la nourriture de manière bio-intensive.
Buts Recherchés
- Obtenir de la matière rapidement pour créer ses lits de culture : Savoir identifier les ressources disponibles dans son environnement le plus proche et la collecter intelligemment.
- Savoir recycler les déchets : Diminuer la quantité de déchets organiques envoyés aux décharges comme les cartons bruns d’emballage, les feuilles mortes, les coupes de gazon, les tailles de haies, etc…
- Améliorer de la fertilité des sols : Produire des composts et des engrais naturels pour enrichir les sols agricoles.
- Renforcer la biodiversité : Augmenter la vie des sols par l’apport de matières carbonées (tout ce qui est brun comme le bois en décomposition et les feuilles mortes) et azotées (tout ce qui est vert comme l’herbe broyée, les feuilles vertes hachées).
Exemples en images des actions simples de collecte des ressources de biomasse disponible gratuitement aussi bien en milieu urbain qu’en communes rurales : 1) feuilles mortes ; 2) bois en décomposition ; 3) coupes de gazon du voisinage ; 4) tailles de haies ; et 5) déchets de cuisine associés à des coupes de gazon. Ici, tout est gratuit et sert directement à fabriquer les lits de culture fertiles pour produire des pommes de terre en 100 jours selon la technique de culture en lasagne.
Avantages de cette démarche
- Écologique : Transforme le déchet en ressource, un des principes de base en permaculture.
- Économique : Réduit les coûts de gestion des déchets et peut générer des revenus grâce à la vente de compost ou la production de nourriture.
- Éducatif : Sensibilise les communautés à l’importance de la gestion durable des déchets.
- Autonomie alimentaire : Contribue à la production de nourriture en améliorant la fertilité des sols ainsi que des lits de culture ou encore les jardinières urbaines.
Conseils pratiques de réalisation
- Collecte des matières organiques : Mettre en place des systèmes de collecte sélective pour les déchets organiques.
- Installation de composteurs : Utiliser des composteurs domestiques familiaux ou collectifs pour traiter les déchets organiques.
- Formation et sensibilisation : Former les habitants et les agriculteurs aux techniques de compostage et de production de biomasse. Exemple : fabrication de BRF, le Bois Raméal Fragmenté pour augmenter rapidement la fertilité des sols pauvres.
- Partenariats locaux : Collaborer avec les collectivités locales, les écoles et les entreprises pour mettre en place des programmes de production de biomasse.
Explication de la production de biomasse avec les apports du BRF fabriqué grâce aux haies de feuillus par Jacky Dupéty. Compter pour une surface de culture de 100 m² un apport de 3 m³ de broyat.
Démonstration de la fabrication et de l’utilisation du BRF par le paysan Jacky Dupéty.
Exemples d’actions réussies
- Compostage urbain : De nombreuses villes ont mis en place des programmes de compostage urbain pour traiter les déchets organiques des ménages et des entreprises.
- Programmes éducatifs : Des écoles et des universités ont intégré la production de biomasse dans leurs programmes éducatifs pour sensibiliser les étudiants à l’importance de la gestion durable des déchets.
- Plantation de haies : Une des actions les plus efficaces dans la durée en matière de production de biomasse est sans conteste la plantation de haies champêtres ainsi que de haies fruitières. La haie ramène la biodiversité dans les écosystèmes tout en produisant des feuilles et du bois à mesure qu’elle pousse.
Exemple pour illustrer l’utilisation de la biomasse pour fabriquer de la terre sur du béton et produire 100 kilos de légumes en 100 jours sans argent. Ce film de 24 minutes réalisé par Mark Khanne a été primé au Festival des Possibles à Sens en 2021. Il est accompagné d’un tutoriel de réalisation dont le lien figure en bas de page.
Ressource : Bon exemple de production de biomasse avec le guide règlementaire du bocage 2017 de 82 pages édité par le Conseil départemental du Finistère, un ouvrage riche et bien documenté en libre consultation ci-dessous.
Pour aller plus loin :
1 – Il est possible de rejoindre le groupe Facebook « Production de biomasse ».
2 – Page d’accès au téléchargement du tutoriel de 75 pages : « Produire de la nourriture sur du béton sans moyens » grâce à la collecte de biomasse gratuite et son utilisation selon les techniques des techniques enseignées en permaculture et en agriculture urbaine bio-intensive.
3 – L’action 11 est décrite pages 120 à 125 du livre En route pour l’autonomie alimentaire. En voici un extrait :
Action 11 – Production de biomasse
FR – Pour que la terre nous nourrisse, nous devons nourrir la terre : c’est une règle de base, bien que l’expression « nourrir la terre » ne soit pas tout à fait juste, car il s’agit en fait de nourrir tous les habitants du sol : bactéries, microchampignons, microorganismes, ainsi que les plus gros comme les vers de terre.
SB – Le livre de Didier Helmstetter, Le Potager du paresseux (Tana éditions, 2019), est très instructif et décrit bien l’alchimie qui se produit dans les sols ; l’auteur explique être devenu « un éleveur » qui nourrit tout ce qui vit dans le sol de son potager, avant d’être un cultivateur de plantes. C’est grâce à lui que j’ai compris (et retenu) l’importance de connaître cette vie du sol, pour ne pas commettre d’erreur et se fatiguer pour rien. Nous n’allons pas aborder ici les aspects techniques des équilibres biologiques : d’autres ouvrages l’ont très bien fait, ce n’est pas notre propos. En revanche, examinons en quoi, selon nous, cette production de biomasse est nécessaire pour le retour à l’autonomie alimentaire.
FR – Nous savons à présent à quoi ont conduit les labours, la monoculture et l’emploi massif de produits chimiques : à la mort progressive des sols. Du fait de ces pratiques, la jeune génération hérite aujourd’hui de terres agricoles abîmées. Le constat est simple : les rendements baissent, des maladies bizarres surviennent aux animaux et aux humains. La biodiversité s’effondre en même temps que la vie microbienne des sols, ce qui nous conduit tout droit à une artificialisation de la nourriture, ainsi qu’à des déséquilibres de toutes sortes encore plus désastreux, aussi bien pour les animaux que pour les végétaux, notamment sur le plan génétique.
Pour lire la suite, voici le lien vers les éditions Terre vivante où vous trouverez le livre.