La préfecture du Tarn cherche à promouvoir les circuits courts pour pouvoir nourrir, d’ici à 2020, ses 50 000 habitants uniquement avec des denrées produites localement.la-croix.com – L’annonce avait connu un certain écho : en avril dernier, la ville d’Albi a affiché sa volonté d’atteindre l’autosuffisance alimentaire à l’horizon 2020. Cette ambition de nourrir 50 000 habitants uniquement avec des denrées produites dans un rayon de 60 km est une première en France.
Le programme présenté il y a dix mois comprend plusieurs volets. Citoyen, d’abord : grâce au travail de l’association Les incroyables comestibles, de petits espaces cultivables sont appelés à pousser partout dans la ville et les Albigeois, incités à y cueillir librement fruits et légumes. Municipal, ensuite : à deux pas du centre-ville, la mairie doit préempter des terrains sur la zone non constructible (73 hectares) de Canavières afin d’y installer des maraîchers bio.
Le troisième volet concerne l’ouverture de négociations avec les agriculteurs locaux et la grande distribution, pour convaincre tout le monde de l’intérêt du développement des circuits courts.
« Nous faisons en quelque sorte de la rétro-innovation, commente aujourd’hui Jean-Michel Bouat, l’adjoint au maire (Parti radical) qui pilote ce dossier. La crise agricole ne pourra se résoudre qu’en reconnectant les urbains et les ruraux et en revenant à une agriculture raisonnée. » Il reconnaît que pour 2020, le pari est quasiment impossible, mais il juge le premier bilan « encourageant ».
Bientôt un marché des producteurs locaux
À Canavières, sur les huit premiers hectares acquis par la mairie, un agriculteur est opérationnel et trois autres entreront en production cette année, moyennant une location des parcelles pour 70 € l’hectare. Le développement de la zone bute sur l’acquisition foncière et l’équipement des parcelles, mais la mairie assure compter une quinzaine de candidats à l’installation.
Les très actifs Incroyables comestibles albigeois font également feu de tout bois. « Nos jardins poussent en ville, les gens s’intéressent aux semis, aux saisons, se sensibilisent aux circuits courts », résume Marie Gaborit, l’une des chevilles ouvrières de l’association. Un marché des producteurs locaux devrait également voir le jour au printemps, ses participants devant signer une charte de qualité mise au point par la chambre d’agriculture du Tarn.
« Beaucoup reste à faire, mais nous soutenons la démarche municipale qui encourage tout le monde à agir », souligne Annie Tizon, responsable du service environnement, filières et foncier de la chambre d’agriculture.
Avec cinq étudiants de l’École des mines d’Albi, Les incroyables comestibles nourrissent aussi un projet de plateforme numérique de distribution de produits locaux, ouverte aux Amap, aux coopératives et à la grande distribution. Sa présentation est prévue pour la fin mars, et l’association espère convaincre la mairie d’apporter une aide financière. Par petites touches, l’utopie albigeoise avance.
Jean-Luc Ferré (à Toulouse)
Source – Le journal La Croix en date du 27 février 2017 qu’il est possible de consulter EN LIEN ICI.
La presse joue un rôle important dans la démarche de transition vers l’autonomie alimentaire des villes. En se faisant l’écho régulièrement des évolutions portant sur les initiatives innovantes, comme c’est le cas à Albi, l’opinion publique se rend compte que ce qui pouvait paraitre comme une utopie il y a encore quatre ans en arrière, devient aujourd’hui de plus en plus possible. Surtout, ce qui est essentiel, c’est de se mettre en marche dans cette direction car l’autonomie alimentaire ne se fera pas toute seule, elle est la conséquence du choix conscient des populations de vouloir manger local, éthique et solidaire. Qu’en dites-vous ?
On en parle au sein du groupe facebook Autonomie Alimentaire 2020.