Ces insectes amis du verger Compte-rendu par François Rouillay
Le 5 juin 2024, je me suis rendu à la journée de formation sur le thème de l’entomofaune auxiliaire à Brive-la-Gaillarde en compagnie de mon épouse Sabine. C’était la première fois que nous participions à une action de ce type placée sous la direction de Johanna Villenave-Chasset, docteure en entomologie et écologie du paysage. Les Croqueurs de Pommes de l’Ouest-Limousin y ont été invités et nous étions quatre membres venus y participer sur les 40 personnes présentes. Merci à la Chambre d’Agriculture de Brive pour l’invitation ainsi qu’à Aline Bez du réseau Fredon pour l’organisation.
Le thème de la journée a été formulé en ces termes : « L’entomofaune auxiliaire, comment la favoriser au verger ? ». Il est évident que pour un croqueur de pommes passionné du verger, recevoir un cours général sur la connaissance des insectes en tant qu’alliés de l’arboriculteur fruitier est de première importance. La journée s’est déroulée en deux temps avec un cours magistral dispensé le matin à partir d’un diaporama (*) suivi d’une visite découverte l’après-midi sur le terrain dans le verger de Stéphane Bourdon à Lescurotte (19230 Saint-Sornin-Lavops).
Que retenir de cette journée en résumé ? Je dirai que l’information la plus marquante est qu’il existe une diversité incroyable d’insectes utiles à la protection de nos vergers ainsi que les arbres fruitiers de nos potagers. Il est intéressant d’en connaître les plus communs pour favoriser le gîte et le couvert adapté à ces auxiliaires ravageurs des nuisibles. La conférence didactique de Johanna Villenave-Chasset se fait l’écho de ses longues années de recherche et d’observation du monde des insectes. Elle nous renvoie aussi à deux ouvrages.
Premièrement, le guide « Insectes de France et d’Europe occidentale » de Michael Chinery paru aux éditions Flammarion en 2012. Ce livret de 320 pages est présenté comme la « bible » des entomologistes. Celui de Johanna posé sur la table de conférence est usé jusqu’à la corde tellement il a servi. Il recense plus de 2000 insectes et autres arthropodes tels papillons, libellules, sauterelles, punaises, mouches, abeilles, fourmis, guêpes, coléoptères, araignées, etc. Les recherches sont facilitées par une clé d’identification qui se veut simple et efficace à partir de la forme des corps observés, du nombre d’ailes et de la longueur des antennes par exemple. Si vous trouvez un exemplaire de cet ouvrage à présent épuisé, vous ferez partie des chanceux car il est vendu assez cher sur le marché des livres d’occasion. Je l’ai aperçu sur le site d’enchères ebay à 117 €.
Deuxièmement, il y a l’ouvrage de l’auteure que je me suis procuré au prix de 29 € sous le titre : « Biodiversité fonctionnelle – Protection des cultures et auxiliaires sauvages » paru aux éditions France Agricole en 2020. Ce livre de 172 pages offre en accompagnement du texte explicatif de nombreuses photos et des tableaux d’identification, de classement et surtout de conseils pratiques pour apprendre à préserver et enrichir toute la biodiversité des auxiliaires de nos jardins et vergers qu’elles que soient leurs tailles. Il indique les essences et les espèces floristiques les plus intéressantes à retenir pour permettre le développement des auxiliaires. Il explique également lesquelles il vaut mieux éviter et pourquoi. Cet ouvrage s’adresse aussi bien aux professionnels de l’arboriculture fruitière qu’aux jardiniers amateurs qui souhaitent mieux connaître la biodiversité de leur espace agroécologique et surtout savoir comment améliorer la protection de leurs cultures tout au long de l’année, au fil des saisons à partir des espèces les plus emblématiques.
L’auxiliaire, comme ennemi naturel de nuisible
Mais revenons à l’exposé à partir des deux questions qui nous sont posées : comment les auxiliaires vont-ils aider au verger ? Et qu’est-ce que la biodiversité utile ? Il faut savoir que le but de la régulation naturelle est de réduire les insecticides dans les exploitations de vergers, vignes, maraîchage ou autres grandes cultures. Les services rendus par les insectes sont nombreux. Ces derniers participent à la pollinisation, la santé du système racinaire, la lutte contre la prédation et le parasitisme, ou encore la vie du sol et la décomposition. Il existe, tenez-vous bien, quelque chose comme plus de 1,2 millions d’espèces décrites à ce jour. Les insectes représentent 85 % de la biodiversité animale. On définit un auxiliaire comme étant un organisme vivant qui tue un organisme nuisible. On peut également l’appeler « ennemi naturel de nuisible ».
Prenons le cas de la pollinisation : 80 % des espèces végétales dépendent des pollinisateurs pour survivre. C’est dire l’importance des insectes pollinisateurs pour la production agricole aussi bien au verger qu’au potager. L’estimation du prix du service rendu à l’agriculture mondiale par les pollinisateurs en 2016 est de 195 milliards d’€. Parmi les nombreux pollinisateurs, on trouve les coléoptères, les papillons, les mouches et les abeilles. Il existe quelques 1000 espèces d’abeilles. Elles comportent 3 longueurs de langue pour s’adapter à la forme des corolles des fleurs. Par exemple, au verger, on trouve l’osmie, osmia cornuta, une variété d’abeille sauvage qui fait son nid dans des tiges creuses. Les osmies pondent leurs œufs dans des tiges de 20 cm de longueur et de 9 mm de diamètre. Leur cycle est d’un an. Les tiges doivent être tenues à l’abri de l’humidité. Les adultes sortent à la floraison de leurs plantes ligneuses et se nourrissent de leur pollen. Les autres familles font leur nid dans la terre. C’est la raison pour laquelle il faut maintenir des sols que l’on ne touchera pas. Leur rayon d’action est de 100 mètres. Le verger doit pouvoir offrir le gîte et le couvert pour les pollinisateurs comme les osmies. Il est fondamental de leur offrir des espaces fleuris.
L’exposé pédagogique de Johanna Villenave-Chasset s’est déroulé durant toute la matinée de ce mercredi 5 juin 2024. Il est possible de le découvrir dans son intégralité à partir du diaporama de 153 pages consultable sur la page en ligne au lien ci-dessous. L’après-midi a permis d’observer quelques insectes sur le terrain en apprenant comment on pouvait attraper les bestioles avec le filet fauchoir. Il suffit de passer l’anneau plusieurs fois sur une zone herbeuse fleurie pour attraper les principaux spécimens dans la poche que l’on retourne délicatement afin de les isoler dans un tube de collecte pour les observer et les identifier.
Pour aller plus loin dans la découverte du rôle des auxiliaires sauvages dans la protection des cultures, le mieux bien-sûr, est de se procurer le guide « Biodiversité fonctionnelle » de Johanna Villenave-Chasset.
Retrouvez Johanna Villenave-Chasset sur sa page Facebook “Flor’Insectes”.