19 – Phytoremédiation

La Phytoremédiation : une solution verte pour un avenir plus sain

La phytoremédiation est une technique de dépollution des sols qui utilise les plantes pour éliminer, neutraliser ou rendre inoffensives les substances polluantes présentes dans l’environnement. Cette approche, à la fois écologique et économique, s’impose de plus en plus comme une alternative aux méthodes traditionnelles de dépollution, notamment celles qui peuvent être coûteuses ou perturber les écosystèmes locaux.

  1. Définition de la phytoremédiation

La phytoremédiation repose sur la capacité de certaines plantes à interagir avec des contaminants présents dans les sols, l’eau ou l’air, en utilisant leurs racines, leurs tiges ou leurs feuilles pour absorber, accumuler ou dégrader ces substances. Elle est notamment utilisée pour traiter les métaux lourds, les pesticides, les hydrocarbures, ou encore les produits chimiques toxiques. Ce processus naturel fait appel à plusieurs mécanismes :

  • L’absorption : Les racines des plantes absorbent les polluants du sol, qu’elles peuvent stocker dans leurs tissus. Un exemple classique de plante utilisée en phytoremédiation par absorption est la moutarde de Sulfur (Sinapis alba). Cette plante est capable d’absorber des métaux lourds tels que le cadmium, le plomb et le zinc à partir du sol, et de les stocker dans ses racines et tissus aériens. Ces métaux sont ensuite concentrés dans la plante, permettant de décontaminer le sol.
  • La dégradation : Certaines plantes ou micro-organismes associés aux racines dégradent des contaminants comme les pesticides.
  • La volatilisation : Les plantes peuvent évaporer certains contaminants par les feuilles sous forme de gaz.
  • La rhizodégradation : Les racines des plantes décomposent des substances polluantes sous l’action de micro-organismes.

Illustration – La ciste à feuilles de romarin, (cistus libatonis), absorbe par ses racines le plomb du sol. Ses petites feuilles ont la capacité d’en accumuler une grande quantité. On dit d’elle que c’est une plante hyperaccumulatrice. Ces plantes sont dites hyperaccumulatrices car elles ont la capacité d’absorber ces éléments de façon très importante, jusqu’à 1% de leur poids de matière sèche. De façon pratique, on sème les espèces végétales les mieux adaptées au sol à dépolluer, pour ensuite les récolter, les brûler et enfin collecter les cendres, qui sont recyclées en métallurgie ou stockées. Cette méthode de recyclage s’appelle le phytominage. On compte actuellement plus de 400 espèces de plantes pouvant hyperaccumuler plusieurs métaux et la plupart des plantes peuvent absorber un métal spécifique.

  1. Le lien entre sol pollué, alimentation et santé

Un sol pollué est une menace directe pour l’alimentation et la santé humaine. En effet, les plantes cultivées sur des sols contaminés peuvent accumuler des toxines dans leurs racines, leurs tiges ou leurs fruits, ce qui peut contaminer les cultures alimentaires. Les métaux lourds comme le plomb, le cadmium ou le mercure, mais aussi les résidus de pesticides, sont des exemples de polluants qui peuvent migrer dans la chaîne alimentaire et affecter la santé humaine, provoquant des maladies chroniques, des troubles neurologiques, des cancers, voire des malformations congénitales.

De plus, ces polluants peuvent contaminer les nappes phréatiques et perturber les écosystèmes aquatiques, impactant ainsi la faune et la flore.

  1. Les différents types de dépollution par la phytoremédiation

La phytoremédiation offre plusieurs méthodes pour nettoyer les sols et les eaux polluées :

  • Phytostabilisation : Cette méthode consiste à stabiliser les contaminants dans le sol grâce à des plantes capables de fixer les polluants (comme les métaux lourds) et d’empêcher leur propagation dans l’environnement.
  • Phytodégradation : Certains végétaux possèdent la capacité de dégrader des substances polluantes dans le sol, transformant ainsi les polluants en formes moins toxiques.
  • Phytovolatilisation : Les plantes absorbent certains polluants présents dans l’eau ou le sol et les transforment en gaz qu’elles rejettent dans l’air par leurs feuilles.
  • Rhizofiltration : Cette méthode utilise les racines des plantes pour filtrer et purifier l’eau, en éliminant des substances toxiques dissoutes.
  1. Solutions pour les agriculteurs

Les agriculteurs peuvent tirer parti de la phytoremédiation de plusieurs façons :

  • Utiliser des plantes dépolluantes : L’introduction de plantes capables de filtrer les métaux lourds ou d’autres polluants dans les sols agricoles peut améliorer la qualité de la terre.
  • Incorporer la pratique dans la gestion des terres : La rotation des cultures avec des plantes de phytoremédiation peut être un excellent moyen de réduire la concentration de polluants sans utiliser de produits chimiques.
  • Réduire l’utilisation de produits chimiques : L’adoption de pratiques agricoles durables, comme l’agriculture biologique, l’agroforesterie, l’agroécologie ou encore la permaculture, en complément de la phytoremédiation, peut diminuer la pollution des sols et permettre une agriculture plus saine et plus durable.
  1. Solutions pour les élus locaux dans les communes

Les élus locaux peuvent jouer un rôle important dans la promotion de la phytoremédiation, notamment :

  • Planifier la dépollution des espaces publics : Les communes peuvent utiliser des plantes dépolluantes pour nettoyer les zones industrielles abandonnées, les friches ou les terrains contaminés.
  • Encourager les projets communautaires : En soutenant des initiatives locales, les élus peuvent favoriser des programmes de phytoremédiation pour purifier les sols urbains ou périurbains.
  • Sensibiliser la population : Organiser des campagnes de sensibilisation sur les bienfaits de la phytoremédiation et sur les choix écologiques que peuvent faire les citoyens pour réduire la pollution.

Exemple réussi d’une action de phytoremédiation dans une commune de Bretagne, à Saint-Guinoux, située en Ille-et-Vilaine : dans ce cas, un parc avec jardin public a été développé sur une ancienne casse automobile, dont le sol était pollué par différents métaux lourds. Pour assainir le site, des plantes ont été utilisée dans le but de dépolluer le sol sur le principe de phytoremédiation.

  1. Solutions pour les citoyens et jardiniers

Les jardiniers et citoyens peuvent également participer à la phytoremédiation en intégrant des plantes dépolluantes dans leurs jardins ou espaces verts :

  • Plantes dépolluantes : Par exemple, le tournesol, la moutarde ou certaines variétés de saule peuvent être cultivées dans des sols pollués pour les assainir.
  • Utiliser des plantes pour les remblais et espaces verts : En choisissant des plantes adaptées à la phytoremédiation, les jardiniers peuvent contribuer à la dépollution des terrains voisins.
  • Créer des jardins écologiques : En évitant les produits chimiques et en choisissant des plantes adaptées au contexte local, on peut minimiser l’impact de la pollution dans les jardins urbains.
  1. Solutions pour les enseignants

Les enseignants, qu’ils soient en école primaire, secondaire ou dans des formations spécialisées, peuvent inclure la phytoremédiation dans leurs programmes éducatifs pour sensibiliser les jeunes générations à la préservation de l’environnement :

  • Projets pédagogiques sur la phytoremédiation : Mettre en place des projets pratiques en classe où les élèves expérimentent avec des plantes dépolluantes pour nettoyer un sol ou étudier le fonctionnement des plantes et des sols.
  • Sensibilisation aux enjeux écologiques : Aborder la pollution des sols et ses conséquences sur la santé humaine à travers des discussions, des visites de sites phytoremédiés, ou des ateliers pratiques sur la culture de plantes détoxifiantes.
  1. Les avantages de la phytoremédiation pour une alimentation saine

La phytoremédiation présente plusieurs avantages pour la culture d’une alimentation saine :

  • Réduction des contaminants dans les sols : Elle permet de dépolluer les sols, réduisant ainsi les risques de contamination des aliments produits.
  • Pratique écologique : Contrairement aux méthodes de dépollution industrielles, la phytoremédiation préserve la biodiversité, réduit les émissions de gaz à effet de serre et ne nécessite pas de produits chimiques.
  • Amélioration de la qualité des sols : En plus de purifier les sols, certaines plantes utilisées en phytoremédiation améliorent leur structure et leur fertilité, contribuant ainsi à la régénération de la terre.
  1. Conseils pratiques pour se perfectionner sur le sujet

Pour ceux qui souhaitent se lancer et en apprendre davantage sur la phytoremédiation :

  • Se documenter : Lire des ouvrages spécialisés, suivre des formations en ligne ou des séminaires sur la gestion durable des sols et la phytoremédiation.
  • Expérimenter : Commencer par de petites expériences sur des sols contaminés dans son jardin pour observer les effets des plantes dépolluantes.
  • Rejoindre des associations écologiques : Participer à des groupes de discussion ou des forums sur la phytoremédiation, échanger des expériences et des conseils avec d’autres passionnés.
  • Consulter des experts : En cas de doute sur la sélection des plantes ou les pratiques à adopter, il peut être utile de consulter des professionnels de l’agriculture durable ou des chercheurs spécialisés.

Illustration – La vidéo ci-dessus donne un bon aperçu de ce que peut être la phytoremédiation pour engager la dépollution d’une friche industrielle. Dans ce dispositif expérimental, il est fait appel aux saules et aux peupliers pour décontaminer les sols pollués par des hydrocarbures et des métaux lourds.

Conclusion

La phytoremédiation est une méthode innovante et de plus en plus accessible pour purifier les sols et l’environnement. Elle offre des solutions pratiques à la fois pour les agriculteurs, les élus locaux, les citoyens et même les enseignants. En plus de contribuer à la santé des sols et à la production d’une alimentation saine, elle représente un moyen efficace d’agir concrètement pour la transition écologique. Le chemin vers une plus grande autonomie alimentaire et environnementale passe, en partie, par des initiatives telles que la phytoremédiation, qui allie nature et innovation.

Pour aller plus loin

1 – Pour échanger, vous pouvez rejoindre le groupe Facebook Phytoremédiation

2 – L’action 19 est décrite dans les pages 172 à 177 du livre En route pour l’autonomie alimentaire. En voici un extrait :

SB – J’avoue que ce mot m’était complètement étranger : « phyto » et « remédiation ». Alors allons-y pour la définition. Phyto veut dire « plantes » et remédiation, « action de remédier », c’est-à-dire de donner des remèdes, de corriger, de venir à bout. Il s’agit en effet de remédier, de corriger, d’apporter des remèdes par les plantes pour dépolluer les sols, mais aussi les eaux dans le cadre des réseaux individuels d’assainissement ou des piscines.
FR – La dépollution est un chantier majeur pour le présent et les générations futures. Tous les signaux sont au rouge vif ! Les cours d’eau en France sont pollués aux hormones, aux formules médicamenteuses, aux nitrates, aux pesticides… La révolution industrielle nous a laissé quantité de sites dégradés par des pollutions très lourdes, à l’arsenic, au plomb, au zinc, aux polychlorobiphényles (PCB)… qui agissent sur le sol, les plantes et les cours d’eau. Tout cela impacte la santé de tout ce qui vit …

Pour lire la suite, voici le lien vers les éditions Terre vivante où vous trouverez le livre.

3 – Voici le jeu des 7 familles des plantes épuratrices de Thierry Jacquet créateur de la Société Phytorestore (©Thierry JACQUET/Phytorestore).
Vous pourrez y jouer en l’imprimant et en découpant chaque carte pour constituer le jeu et apprendre ainsi quelle plante purifie quel milieu et type de pollution.

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