Apprendre à faire des semis, des boutures dans des ateliers collectifs, est la base de l’apprentissage pour ensuite mettre en culture. Dans les villes où des collectifs sont suffisamment avancés et possèdent un lieu de pratique, il est recommandé de réaliser une pépinière citoyenne pour la végétalisation urbaine, notamment des rues dans les différents quartiers.
Les pépinières citoyennes participatives constituent l’action 4 de la feuille de route des 21 actions pour enclencher une dynamique individuelle et collective du retour à l’autonomie alimentaire sur les territoires. Cette action est porteuse de nombreux avantages pour les collectifs d’habitants s’engageant dans la transition alimentaire aussi bien en milieux urbaines que dans les communes rurales. Voici un résumé détaillé de cette action d’agriculture urbaine tel que décrit dans le livre « En route pour l’autonomie alimentaire » publié par les éditions Terre vivante en 2020.
Définition de l’action
Les pépinières citoyennes participatives sont des espaces urbains dédiés à la production de plants potagers, de fruitiers et de plantes aromatiques, où les citoyens s’impliquent activement dans toutes les étapes de culture. Ces pépinières visent à favoriser l’autonomie alimentaire des communautés locales en produisant des végétaux adaptés aux conditions locales et en promouvant des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.
Description de l’action
Dans ces pépinières, les citoyens participent à la sélection des semences, aux semis, à l’entretien des jeunes plants et à leur transplantation dans des jardins collectifs ou individuels. Ces espaces peuvent être situés dans des parcs, des jardins publics ayant été approuvés dans le cadre du permis de végétaliser, ou encore des toits d’immeubles ou même des friches urbaines reconverties avec les accords préalables comme pour un délaissé d’autoroute ou d’une rocade périphériques. Dans le guide pratique des 21 actions, il est fait mention par exemple d’une pépinière participative citoyenne réalisée à Brest avec les enfants d’une école sur un espace public protégé.

Les participants partagent non seulement le travail, mais aussi les connaissances et les compétences, créant ainsi un environnement d’apprentissage collectif.
Principaux avantages
- Autonomie alimentaire : En produisant localement une partie de leurs aliments, les citoyens réduisent leur dépendance vis-à-vis des circuits commerciaux traditionnels.
- Renforcement du lien social : Ces pépinières favorisent la rencontre et la collaboration entre habitants, renforçant ainsi le tissu social.
- Éducation et sensibilisation : Les participants apprennent des techniques de culture, découvrent la biodiversité locale et sont sensibilisés aux enjeux environnementaux.
- Amélioration de l’environnement urbain : Ces espaces verts contribuent à la biodiversité urbaine, améliorent la qualité de l’air et embellissent le paysage.
- Résilience locale : En développant des compétences agricoles et en produisant localement, les communautés deviennent plus résilientes face aux crises alimentaires.
Conseils de réalisation
- Identifier un lieu adapté : Choisir un emplacement accessible et suffisamment grand pour accueillir la pépinière avec un bon ensoleillement. Il est utile de prévoir une mise en sécurité du lieu par des clôtures par exemple car les jeunes plants sont fragiles.
- Mobiliser la communauté : Impliquer dès le départ les habitants et les associations locales pour garantir une participation active.
- Sélectionner les cultures : Opter pour des variétés adaptées au climat et aux conditions locales.
- Organiser des ateliers de formation : Proposer des sessions d’apprentissage sur les techniques de semis, d’entretien et de transplantation.
- Favoriser la diversité : Cultiver une variété de plantes pour maximiser la biodiversité et les récoltes.
- Assurer un suivi régulier : Mettre en place des équipes de volontaires pour l’entretien et la gestion des pépinières.
Exemples réussis
- La pépinière citoyenne de Rennes : Lancée en 2018, cette initiative regroupe plusieurs quartiers de la ville autour de la production de plants potagers et fruitiers. Elle a permis de renforcer les liens entre habitants et de sensibiliser un large public à l’importance de l’agriculture urbaine.
- Les jardins partagés de Lyon : Ces espaces incluent des pépinières citoyennes où les participants produisent des plants pour les jardins partagés de la ville. Ils ont contribué à une dynamique de quartier et à l’éducation des enfants sur la nature et la culture des plantes.
- Les pépinières citoyennes de Bruxelles : Le Centre d’écologie urbaine de la ville de Bruxelles soutient le projet de pépinières citoyennes dans plusieurs quartiers de la capitale belge. Le but vise à développer la place de l’arbre fruitier à Bruxelles dans l’espace public, mais aussi en termes de savoir-faire dans le domaine de l’arboriculture fruitière des citoyens.
En développant des pépinières citoyennes participatives, les communautés urbaines peuvent s’engager activement dans la transition écologique et alimentaire, tout en renforçant les liens sociaux et en améliorant leur environnement immédiat. C’est une action porteuse d’avenir pour les villes en quête d’autonomie et de résilience.
Pour aller plus loin
1 – Vous pouvez rejoindre le groupe Facebook « Pépinières citoyennes participatives » comprenant plus de 1200 participants.
2 – L’action 4 est décrite dans les pages 80 à 85 du livre En route pour l’autonomie alimentaire. En voici un extrait :
…Cette action 4 porte en elle une idée nouvelle et transformatrice, car nous avons fait deux constats liés à la densification des villes, à l’étalement des banlieues et à l’extension de la monoculture industrielle : d’une part, les populations urbaines ont abandonné l’idée de l’autonomie alimentaire et se sont par conséquent coupées du lien entre le sol et l’assiette ; d’autre part, ce modèle de développement provoque l’effondrement de la biodiversité aussi bien à la campagne que dans les villes.
À la campagne, on arrache les haies et on réduit les forêts pour favoriser la monoculture du bois (le douglas par exemple) ; en ville, on étend les zones engazonnées tondues et les clôtures de thuyas et de fusains. Résultats : nos enfants ne savent plus ce qu’est une prairie naturelle avec sa magnifique variété d’herbes, de graminées, de fleurs sauvages, et les insectes qui ont survécu aux produits chimiques n’ont plus d’espaces pour se reproduire, ce qui met directement en péril la population des oiseaux, dont la chaîne alimentaire s’effondre…
Pour lire la suite, voici le lien vers les éditions Terre vivante où vous trouverez le livre.